Matinée - rencontres - 15 ans ADAN - 29 Mars Wasquehal

Le 18/03/2025 0

Entretien d'Ophélie Desnoulez , référente communication ADAN avec Gilles Guillon, ancien journaliste , un des meilleurs experts de la vie littéraire.régionale et Claude Brongniart, ancien commandant divisionnaire , auteur de polars " de l'intérieur" qui a exercé diverses fonctions au sein du renseignement intérieur. Il s'est spécialisé aujourd’hui dans la prévention de la radicalisation.

Le samedi 29 Mars 2025 , à la suite de son assemblée générale , à partir de 10h45, Auteurs des Hauts-de-France ADAN célebre au cinéma Gérard Philippe de Wasquehal ses 15 ans d'existence et a invité à cette occasion les deux personnages en question à se prêter au jeu de la rencontre. 

" une chaine du livre aveugle , chaque maillon ignore ce que font ses voisins..."

Ophélie Desnoulez : Comment vous décririez-vous ? 
Gilles Guillon :Gg portrait 2021 c serge dufay 2

Je suis un touche-à-tout, curieux de nature, un explorateur sceptique fasciné par ce qu’il ne connait pas encore. Ma devise est : « Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux ».

Ophélie Desnoulez :

 Petit portrait chinois.
Si vous étiez un animal, vous seriez …. Le chat, car il n’a besoin de personne.
Si vous étiez une qualité, vous seriez … La lucidité, pour l’esprit critique.
Si vous étiez un livre, vous seriez … Le Grand Meaulnes, pour l’irréversibilité du temps qui passe.

Ophélie Desnoulez : Vous avez exercé différents métiers dans le monde du livre. Par lequel avez-vous commencé ? Comment avez-vous évolué ? Lequel avez-vous le plus apprécié ?

Gilles Guillon : Je suis journaliste de formation. Je me suis tourné vers l’édition par hasard il y a 25 ans pour développer la branche livres du magazine Pays du Nord que j’avais créé. L’un des premiers livres que j’ai édités a été un best-seller régional (14 000 exemplaires vendus). Ça m’a donné une impression (trompeuse) de facilité. En un quart de siècle, j’ai édité environ 250 livres pour 5 maisons d’édition successives. J’ai connu quelques succès et pas mal d’échecs, ce qui m’a incité à comprendre comment dysfonctionnaient les différents maillons de la chaine du livre dans la région. J’ai été successivement auteur, éditeur, directeur de collection, organisateur de salons, diffuseur, distributeur, libraire, membre du conseil d’administration de l’association régionale des éditeurs et de l’AR2L… Au cours de ces 25 années, j’ai acquis la vision d’ensemble d’une chaine du livre aveugle dont chaque maillon ignore ce que font ses voisins et où chacun scie la branche sur laquelle il est assis pour ne pas avoir à travailler avec les autres. 
Mon poste préféré a été celui de directeur de collection : sélectionner des manuscrits, les améliorer, donner une ligne éditoriale cohérente et une orientation littéraire… Ce n’est que l’adaptation de mon travail de journaliste au monde de l’édition. 

Ophélie Desnoulez : Comment vous décririez-vous ? 
Claude Brongniart :Photo buste 1

Un homme du Nord : je suis né dans le Pas-de-Calais et y ai toujours demeuré, même lorsque je travaillais au ministère de l’Intérieur ou à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) à Paris. Je reste profondément attaché à ma région. J’en défends d’ailleurs les couleurs dans mes romans, puisque le premier se déroule à Arras, le deuxième à Lille et le troisième (en cours d’écriture) dans le Boulonnais. Par ailleurs, pour valoriser notre région, j’avais lancé en 1991, alors que j’étais président de la Jeune chambre économique d’Arras, l’idée de changer le nom du Nord-Pas-de-Calais, appellation sans une once d’originalité, en… Hauts-de-France. Une façon d’avoir eu raison un quart de siècle trop tôt…
- Un policier du renseignement : j’étais commandant divisionnaire de police. J’ai effectué les deux tiers de ma carrière dans les services de renseignement, d’abord aux Renseignements généraux (les fameux RG) à Arras, puis en direction centrale, place Beauvau à Paris, où je dirigeais un pôle sensible. D’ailleurs, mon premier roman, J’ai un petit quelque chose pour vous, se déroule au sein des RG (ce qui est très rare pour un polar). J’y dépeins l’univers des services de renseignement, la façon de s’y mouvoir et ses méthodes d’infiltration. Les lecteurs découvrent ainsi la différence entre les missions de renseignement et de police judiciaire (puisque dans le récit il y a quand même quelques petits morts dont il faut s’occuper).
- Un citoyen pleinement engagé : je me suis souvent impliqué dans la vie de la cité. Outre président de la Jeune chambre économique d’Arras, j’ai aussi été le représentant des JCE au sein du Conseil économique et social régional (CESR) Nord-Pas-de-Calais. Par ailleurs, depuis ma retraite, je dispense des formations au sein des préfectures, avec un public qui peut parfois dépasser la centaine de personnes et souvent en présence du représentant de l’Etat. A ce jour, j’ai ainsi sensibilisé une cinquantaine de préfectures et quelques écoles de police et de gendarmerie. Enfin, si je n’écris pour l’heure que des romans policiers, je n’hésite pas à y insérer certains messages…

Renseignements généraux, ... les « intellos de la police ».

Ophélie Desnoulez : Vous semblez rester fidèle à votre région. Pourquoi ?
Gilles Guillon : Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne suis pas d’ici. Je suis un Poitevin qui est venu dans le Nord à reculons. J’y ai découvert une région différente de ce que je craignais, une région que ses propres habitants méconnaissaient. Ça m’a donné envie de la leur faire découvrir, en lançant un magazine (Pays du Nord), un guide (La Bible des estaminets), une collection littéraire (Polars en Nord). Dans cette région, avec un peu de bonne volonté, il y a tout à faire. 
Ophélie DesnoulezVous avez écrit des livres consacrés au sport automobile. Pourquoi cette passion de l’automobile ? Avez-vous déjà joué un autre rôle qu’écrivain automobile dans ce monde de mécaniques ? 
Je suis journaliste spécialisé dans le sport auto. J’ai été copilote de rallyes. Je suis aujourd’hui le référent presse pour la ligue du sport auto des Hauts-de-France et président de la commission presse de la FFSA (Fédération Française du Sport Automobile). J’ai toujours travaillé en fonction de mes passions (roman policier, sport auto, voyages, estaminets).

Ophélie DesnoulezEnfant, vous rêviez de quoi ? 
J’aurais voulu devenir architecte ou cinéaste, mais venant d’un milieu pauvre j’ai vite compris qu’il ne fallait pas confondre les rêves et la réalité. 

Page auteur ADAN

Site de l'auteur

Ophélie Desnoulez :

Petit portrait chinois.

Si vous étiez un animal, vous seriez : une loutre, parce que, pour moi qui adore la mer, elle est autant à l’aise dans l’eau que sur terre.
Si vous étiez une qualité, vous seriez : la persévérance. Je n’abandonne jamais une idée ou un projet.
Si vous aviez un don, vous seriez : prestidigitateur, pour pouvoir faire apparaître et disparaître les objets. J’ai toujours eu des yeux d’enfant devant les spectacles de magie.

Ophélie Desnoulez : Il semble que ce sont vos diverses fonctions exercées à la sécurité, en tant que chef de pôle sensible qui vous ont amené à devenir auteur de polar ou aviez-vous déjà cette envie d’écrire des polars ? 
Claude Brongniart : Les écrits des services de renseignement se retrouvent a minima chez le préfet, au mieux sur le bureau du ministre de l’Intérieur. Il faut donc savoir écrire et même plutôt bien écrire. À l’époque où j’ai intégré les Renseignements généraux, ils étaient considérés (voire brocardés) comme les « intellos de la police ». Il fallait avoir une belle plume pour pouvoir y entrer. Les choses ont quelque peu changé depuis… Après mon passage au ministère de l’Intérieur, la bascule entre policier et auteur de romans policiers s’est donc opérée presque naturellement. À force d’entendre de mes chefs que j’écrivais avec beaucoup de style, j’ai fini par franchir le Rubicon… 

 

L’univers des sectes et des religions m’a toujours passionné

Ophélie Desnoulez : Comment vous est venue l'idée de l'intrigue de votre 1er polar, " J’ai un petit quelque chose pour vous"  ? 
Claude Brongniart : J’ai suivi des études doctorales en sociologie des religions à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. L’univers des sectes et des religions m’a toujours passionné. Tout aussi naturellement, mon premier roman a été consacré à cette thématique. Il est plus aisé d’écrire sur ce que l’on connait bien. J’ai donc parsemé mon roman de références universitaires, afin que mon lecteur ne fasse pas que se détendre, mais apprenne aussi. 

Ophélie Desnoulez : 2 romans, 2 polars. Auriez-vous envie un jour d’écrire dans un autre domaine ? Si oui, lequel et pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Claude Brongniart : Je rédige actuellement mon troisième roman policier, qui devrait paraître (normalement) à la fin de ce semestre. Mais je suis aussi taraudé par l’envie d’écrire sur le sujet auquel j’ai consacré dix ans de travail au sein du ministère de l’Intérieur et qui m’amène à dispenser aujourd’hui des formations au sein des préfectures. J’ai déjà rédigé une ébauche de plan. L’idée chemine donc… Mais il faudrait aussi que je trouve une autre maison d’édition, mon actuel éditeur étant spécialisé dans le polar et non dans les essais.

Ophélie Desnoulez : Quels sont les auteurs qui vous inspirent ? Quel livre vous a le plus marqué dans votre vie ?  
Claude Brongniart : D’abord, je lis peu de romans. Je préfère nettement les essais, parce que je suis toujours avide d’apprendre. J’ai particulièrement aimé la trilogie de Yuval Noah Harari (Sapiens, Homo Deus et Nexus) qui offre une approche différente de l’histoire de l’humanité et une vision originale de son avenir. J’ai par ailleurs adoré le style de Jean Teulé, dans ses romans historiques (Charlie IX, Le Montespan ou Azincourt par temps de pluie). Sa plume à la fois vive et humoristique ne peut être qu’un exemple à suivre.

Page auteur ADAN

Site de l'auteur

Vous devez être connecté pour poster un commentaire