Rémunération des auteurs sur les salons

Rémunérer les auteurs en salon : l'idée rentre,

mais passe en force

La gronde des auteurs semble porter ses fruits : depuis plusieurs semaines, et suite à une étude de l’organisation Society of Authors, les écrivains britanniques ont décidé de porter le fer contre les manifestations littéraires. Les salons qui ne rémunèrent pas les écrivains sont menacés de boycott, et l’appel semble entendu. 

La semaine passée, Philip Pullman, actuel président de la SoA, fut le premier à dégainer : parrain de l’Oxford Literary festival, il a annoncé sa démission, pour protester contre cette absence de rémunération. 

« Nous, auteurs, sommes au centre de la fête et l’unique raison qui pousse les gens à acheter des billets. Ce n’est que justice, que nous soyons rémunérés. Les autres festivals payent, et l’Oxford Festival rémunère tout un chacun engagé dans l’événement, depuis les personnes qui nettoient en passant par celles qui installent les chapiteaux. »

Dans le même temps, plusieurs auteurs lançaient une pétition invitant éditeurs et collègues à boycotter les manifestations. « Durant trop longtemps, les auteurs ont été persuadés de fournir leurs services gratuitement au public. Nous sommes les seules personnes dans les festivals qui ne sont pas rémunérées, et pourtant, sans nous, les festivals ne pourraient pas exister. L’écriture est une vocation, mais aussi une profession : il est temps de sortir les cailloux que nous avons dans les chaussures, et de dire “Non” », signent les auteurs, emportés par Amanda Craig.

Pan sur les doigts, la leçon vite intégrée

Le Festival d’Oxford, conscient que de perdre Philip Pullman pouvait lui porter un sévère préjudice, a annoncé qu’après son édition du mois d’avril, il rencontrerait les différentes parties concernées par le sujet « pour discuter de la manière à mettre en place pour assurer le paiement des frais pour tous les intervenants ». 

Dans son communiqué, la manifestation « reconnaît et comprend » les tensions qui animent la communauté des auteurs. Et pour ce qui est de leur rémunération, se dit « favorable à cette cause ». Reste que, pour l’instant, rien ne sera mis en place, le temps manque certainement pour assurer les fonds.

« L’objectif du festival a toujours été de mettre en valeur la plus grande variété d’auteurs et d’œuvres possible. Chaque année, tant les écrivains célèbres et connus, de Grande-Bretagne, comme de l’étranger, plus de la moitié des intervenants au Festival sont des auteurs moins réputés, ou d’autres qui commencent leur carrière littéraire. Notre philosophie a toujours été de les soutenir. »

Mais les problèmes économiques se posent : en 2014, révèle la manifestation, les comptes accusent une perte de 18.000 £ – aucune donnée n’est fournie pour 2015. Or, rémunérer les auteurs impliquerait une hausse du budget de la foire de 15 %, soit 75.000 £ à trouver, pour les 500 intervenants. 

Rendez-vous en 2017, avec l’espoir de trouver une solution pratique.

 

Fin décembre, la Society of Authors avait présenté les premiers résultats d’une enquête portant sur la rémunération des auteurs. Sur les 17 répondants, 12 rémunèrent tous les auteurs qu’ils sollicitent, que ce soit en tant que conférenciers ou comme membre d’une table ronde. Les rémunérations varient cependant de 100 £ à 1000 £, même si la moyenne s’établit entre 150 et 200 £. À cela s’ajoutent des frais connexes.

 

« Nous avons demandé à tous les festivals de reconsidérer leurs paiements aux auteurs », indiquait alors la SoA, soulignant que leurs revenus moyens, quand ils sont auteurs professionnels à temps plein, avoisinent les 11.000 £.