Wallois Annie
Annie Wallois est originaire de la région des sept vallées dans l'Artois. Elle est fortement attachée à ce terroir inspirant, ce pays ' de grands bois et de pâturages' cher à Bernanos, dont sa poésie porte l'empreinte.
Après des études de Lettres et une carrière d'enseignante, elle consacre une large part du 'temps retrouvé' à l'écriture. Des revues accueillent ses textes, et un premier recueil de poésie paraît en 2011 chez Henry. Suivront cinq autres ouvrages, parmi lesquels 'Les versets de la marche', prix Simone de Carfort de la Fondation de France en 2018.
Sa poésie mêle l'évocation de scènes d'enfance, les chemins du pays d'antan, aux surgissements du présent des jours, des bruits du monde, comme en contrepoint.
Les ouvrages d'Annie Wallois peuvent être commandés sur le site des Editions Henry ci dessous . Commander
Souffle
Tu portes ton existence en bagage le long des sentiers
tu essuies une bruine de sueur au front
parfois un fruit blet tombe aux pieds déjà tuméfiés
bientôt une colonne d’arbre flanque tes chairs palpitantes
mais de très loin là-bas monte le galop d’une foule qui laboure le sable
dans une lumière aveuglante
où les obstacles n’entravent la marche que de leur miroitement
ta vie funambule jusqu’alors tenue dans un halètement
se sent emportée dans la respiration universelle
Sous le non-lieu du ciel
Collection La Main aux Poètes
Il n'y a pas d'âge pour naître
La nuit efface l'ardoise du temps
Versets de la marche
collection La Main aux Poètes
La vitre s'éclaire la lumière ouvre grand
les yeux le jour se tient là dans une
fente de la persienne entre hier qui n'a
pas fini et demain qui se réserve le temps
d'expulser un souffle et les jambes en
compas arpenteront à nouveau les chemins
Sur la pierre bleue du seuil
Parce que la «pierre bleue du seuil» est au commencement, y revenir à tout instant, se tenir là, et sur ce socle rejouer les départs. Tenter en somme de dévoiler le regard, de le rendre à sa liberté, à sa lucidité originelles.
Ombres et ailes battantes
Dans le pêle-mêle du quotidien, affleurent parfois des scènes d'enfance, telles des pierres de soleil, qui recomposent, avec le présent furtif, la mosaïque sans cesse renaissante des jours. Les mots du poème voudraient s'emparer de ce flux, en ressaisir des instants, la respiration, les brefs éclats de lumière. Un défi salutaire, simplement celui de notre attention à la voix murmurante en soi et à son interférence avec celles du monde et le bruit des temps actuels.
Je dors
Sans moi
Dans le temps délivré des heures
Un jour sans fin se déplie
Eveillé d'entre les blés
J'entends le soc
Sur le silex de l'enfance
L'essor d'un chant nourri
Dans la faconde de la terre
Les chemins faisaient halte à la croisée
Repartaient du cœur
Vers des années lumière
Le tien t'emmenait
En avance toujours
Sur tes yeux plissés
Qui n'en voyaient que la terre
-Boutons d'or et bleuets-
Saluée d'ombres et d'ailes battantes
Eteindre la radio
Essayer le silence
C'est voir en l'absence
Les objets laissés
Entre eux et la lumière
C'est venir à l'épure d'un souffle
Voué à la grande respiration
Des chemins
Retrouvés