Tant de noms délavés
Tant de pluie sur nos portes
Tant de balles dans nos murs de briques rouges
Saccagées de courage
Qui s’en souvient ?
Des yeux troués d’éclairs
Des genoux noircis les mains jointes
Au milieu d’un désert de boue et ciel tombé
Dans le fracas de métal d’un monde devenu fou
Sur les monts noirs
Qui s’en souvient ?
Souffles d’enfants
Qui jouent
Qui cherchent des mains sures
Châles de vraies laines
De ces mères en deuil courbées sur les seuils
De plus savoir
Même
Voir la mer
Des herbes folles poussent toujours
Dans les jointures des planches peintes
Quelques oiseaux vagues y posent un nid
Et prennent soin du temps qui passe
Qui s’en souvient ? Aussi
De nos élans de cœur battant aux premières guitares
Sous des horizons d’or et de sang avant le soulèvement du vent
Oh ! De ces nuances infinies de gris dans le tamis d’une éclaircie
Oh ! De cet aboiement de chien au bout de la plaine
Qui s’en souvient ?
De ce pays traversé de murmures dans la paix des germinations
D’où, parfois, monte doucement comme une rumeur de vertiges enfouis
Qui s’en souvient ? De ce pays
Du plat pays
Qui est le notre