" Où se cache l’aube pendant la nuit",
Ce titre est à lui seul une énigme que l’on a envie de résoudre, une randonnée littéraire qui invite ses participants à la découverte des paysages, à l’analyse des personnages et leurs psychologies, la description des lieux et du contexte, sans oublier le synopsis. C’est, en définitive, une problématique sociétale posée sans fard ni maquillage, avec une lucidité et une simplicité à même à créer de l’intérêt pour le lecteur, l’amenant à se demander comment est-ce encore possible aujourd’hui, que des femmes, et spécifiquement des jeunes filles, soient soumises au dilemme de l’amour par contrainte, avec tout ce que cela peut charrier en termes de comportements esclavagistes, avilissants, violents, inhumains, barbares. Mais c’est sans doute aussi la force des personnages de ce roman qui insuffle un fluide, une énergie particulière au récit. On a l’impression qu’ils nous sont familiers, dans la manière de se raconter, de s’interpeller, de se positionner, de se mettre en scène. Le narrateur n’en a que plus de mérite.
"Où se cache l’aube pendant la nuit", le quatrième roman d’Hervé Madaya, après Les petits soldats, roman, éditions Maïa, 2020 ; Esclaves aux Trois-Rivières, roman, éditions Les Points sur les I, Paris, 2017 et La Morsure des louves, roman, éditions Afrédit, 2012, est un pur bonheur de lecture, dans un style propre à l’auteur, avec une écriture imagée, un contenu fait de phrases concises, précises, qui révèlent une parfaite maîtrise de la langue de Zola, pour aborder un sujet à la fois complexe et extrêmement sensible. Hervé Madaya a su s’en saisir pour montrer à quel point il est engagé pour la cause féministe autant que celle des enfants. « L’objectif du romancier est de se cacher le plus possible derrière ses mots », pense Ananda Devi, pour mieux dire l’Autre, serait-on tenté d’ajouter. Surtout que l’Autre, ici, est une héroïne.
Avec " Où se cache l’aube pendant la nuit", écrit à la première personne, Hervé Madaya explore avec puissance l’intériorité féminine, définissant lui-même ce roman comme « le cri de la survie, pour ne pas se perdre dans sa nuit ! ».
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