C'était en avril de ma dernière année à Copenhague que cette histoire m'est arrivée. Je passais devant la vitrine de l'antiquaire-bibliophile. Une curieuse paire de gants attire mon regard. Un petit texte en anglais indique que les gants ont appartenu à Hans Christian Andersen et que leur prix est de 8.000 couronnes danoises ( 7.000 francs français ) Je pousse la porte et d'emblée, confie à la propriétaire des lieux, mon vif intérêt pour la chose.
- Pas question, ça doit rester au Danemark. Mais vous, qu'en ferez-vous ?
- Madame, je vais vous expliquer pourquoi , quand j'aurai fait l'acquisition de cette paire de gants, je rentrerai chez moi, dans mon appartement et m'installerai à ma table de travail. Délicatement, je sortirai les gants de leur emballage de carton, et je les passerai et me mettrai à ma machine à écrire, une machine à écrire danoise, madame, achetée au marché aux puces d'Israël Plads, avec un clavier non pas de vingt-six lettres, comme dans l'alphabet français, mais de vingt-neuf lettres, avec les trois voyelles danoises, æ, å et ø...
- Vous êtes fou, monsieur.
- Non, madame, passionné, simplement passionné.