Théâtre - Anne Sophie BASTIN - Auteure - Metteuse en scène - comédienne ADAN

Le 06/06/2025 0

Rencontre avec Anne-Sophie Bastin, metteure en scène de Notre jour viendra, une militante au grand cœur.

Issue d’une famille d'artistes, Anne-Sophie Bastin a grandi dans ces univers artistiques. Toutes les muses ont accompagné sa vie : la musique — elle est, auteure-compositrice-interprète — mais aussi la mise en scène.

Également avocate et coach, elle définit son projet comme inscrit dans une « démarche engagée et humanitaire ». Passionnée, les bénéfices récoltées, si tant est qu’il y en ait, sont intégralement reversés à des causes sociales, en particulier à des personnes dans le besoin ou aux mouvements citoyens comme celui des Gilets Jaunes, auxquels elle est personnellement impliquée.

Son second spectacle, Notre jour viendra, est né de son imaginaire enfantin. Depuis son enfance, « l'imaginaire celtique me fascine, explique-t-elle. L'Irlande, cette île que même Jules César n'a jamais réussi à conquérir pleinement, nourrit mon imaginaire. En me documentant, j'ai été profondément émue par le combat de Bobby Sands et des militants irlandais : ces personnes qui placent l'humain au centre du pouvoir, qui rappellent que la politique doit être au service des citoyens. Ce spectacle est mon deuxième en tant que compositrice et interprète, dans la lignée de mes projets précédents qui, eux aussi, portaient des causes fortes. »

Notre jour 1 drapeauPeut-on relier cette histoire à votre militantisme auprès des Gilets Jaunes ?
« Tout à fait. J'ai été l'une des premières à m'engager dès novembre 2018, pour des raisons humanistes. Je suis à la fois manifestante et avocate, j'ai défendu les Gilets Jaunes face à une répression gouvernementale souvent brutale. En tant que citoyenne, je me suis reconnue dans ces voix qui ont pris la rue pour se faire entendre. Dès cet appel de novembre 2018, j'ai rejoint le mouvement national à Paris et participé à toutes les manifestations. Mon engagement ne s'est pas arrêté là : j'ai rassemblé des amateurs, des artistes professionnels, pour monter une création collective, un spectacle qui donne une voix à cette révolte populaire, avec une exigence artistique forte. »

L’engagement : le crédo d’Anne-Sophie Bastin.

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Comment conciliez-vous votre métier d'avocat avec celui de la mise en scène et du chant ?

« Je dirais que cela s'appelle simplement : l'engagement. » Pour elle, un avocat n’est pas seulement engagé, il fait juste son travail. Et créer, monter sur scène, c'est une autre forme d'engagement. Avec les Gilets Jaunes, elle a ressenti le besoin de porter un message non pas politique mais autour de valeurs communes, humaines. Simplement et dignement, elle exprime que « l’on crée du spectacle car on a des choses à dire. »

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Des projets à l’avenir ?

Que ce « spectacle voyage, qu'il vive, qu'il porte sa parole au plus grand nombre. Car il parle de résilience, de puissance humaine » qui sont des valeurs fortes mais surtout « universelles ».

Auteurs des Hauts-de-France ADAN tachera d'y aider dans la mesure du possible. 

La voix du Nord : " L’indignation en théâtre "

Logo gris vdn 1Par Charles Lambert

23 Mai 2025 

Anne-Sophie Bastin et sa troupe " Gilets au bout de mes rêves" se sont lancés dans une pièce originale mettant en parallèle l’histoire de Bobby Sands, jeune irlandais mort en prison pour ses convictions, et les gilets jaunes.


Anne-Sophie Bastin n’a jamais rangé son gilet jaune. Avocate au barreau de Lille, militante depuis les premières heures du mouvement, elle a trouvé une autre façon de continuer le combat : la scène. Avec sa troupe Gilets au bout de mes rêves, elle présente un théâtre populaire et engagé, entre mémoire, poésie et colère.

Bobby Sands comme miroir

C’est en 2019, en pleine manifestation, que l’idée s’impose. « J’ai vu des choses insoutenables. Du gaz, des coups… et ce silence autour de nous. Il fallait que ça se sache. » Face à la violence et à l’invisibilisation, Anne-Sophie choisit la création. Elle écrit, monte une première pièce avec d’autres gilets jaunes « pour raconter notre version, celle qu’on ne voulait pas entendre ».

L’œuvre, jouée pour la première fois le 19 mai au Spotlight, retrace la vie de Bobby Sands, militant irlandais mort à 26 ans après 66 jours de grève de la faim. « Ce garçon a choisi la mort pour que son peuple existe aux yeux du monde. » Pour Anne-Sophie, ce récit résonne avec ce qu’ont vécu nombre de gilets jaunes : « Des gens ordinaires qu’on a tenté d’écraser par des amendes, des gardes à vue, du mépris… C’est ça qui relie l’Irlande des années 80 à la France des ronds-points. » Elle insiste : " il ne s’agit pas de comparer les luttes, mais de faire émerger un même refus de l’injustice." 

 

 

Dire pour ne pas oublier

« On n’est pas tous comédiens, mais on est habités », dit-elle sur sa troupe mêlant amateurs et professionnels. Tous ont en commun l’envie de dire. « On a été dans la rue, maintenant on est sur scène. Mais le message ne change pas. » Émotion, humour, sincérité : le spectacle porte la marque des gilets jaunes, celle d’un théâtre sans filtre, à hauteur d’homme.

Après le Spotlight, la compagnie rêve déjà d’autres dates, ailleurs. Car ce théâtre-là est un acte de mémoire. « J’espère que les spectateurs ressortiront avec une question : qui était Bobby Sands ? Et pourquoi, encore aujourd’hui, ces combats doivent être racontés ? »

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Entretien la Voix du Nord

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