Rita Dro, créatrice d'un autre type de « Boite à livres » en Côte d'Ivoire

Le 02/03/2024 0

Rita Dro, vous êtes présidente de l’association « Notre boite à livres », pouvez-vous vous présenter et nous raconter le cheminement qui vous a menée jusque-là ?

Je suis une journaliste depuis 2009 et je n'ai cessé de puiser, pendant des années, dans les livres de belles phrases, des émotions et autres scènes dont seuls les grands auteurs détiennent le secret afin d'obtenir mes reportages uniques, entraînants et vivants. La conséquence de ces années de lecture: un trop plein de livres que je souhaitais offrir. En janvier 2019, je tombais sur le concept de la boîte à livres qui cartonnait en Algérie, après quelques recherches sur son fonctionnement, les tenants et les aboutissants, j'installais la nôtre un mois plus tard au pas de ma porte, à la Riviera 3, un quartier résidentiel d'Abidjan.

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«Le livre est le meilleur cadeau qu’on puisse offrir à un humain»

Qu’est-ce qu’une boite à livres ?

Une boite à livres est une mini bibliothèque installée dans un quartier, une ruelle, une communauté, un village qui donne libre accès aux livres à ses abonnés. Totalement gratuite, la boîte à livres, offre également l'opportunité aux lecteurs de partager leur lecture, d’emprunter et surtout de lire.

Parlez-nous de l’association. Quand a-t-elle été créée ? Combien de personnes sont adhérentes ? Y a t-il des salariés ? Des bénévoles ? Quel est son objectif ? Quel public est ciblé ? Dans quel pays se trouve-t-elle ? Dans quelle·s ville·s ?

L’association « Notre Boîte A Livres » a vu le jour le 9 février 2019 avec une seule bénévole. 4 ans plus tard, c’est une structure légalement constituée avec une dizaine de membres et de bénévoles dévoués pour la cause et au service de notre réseau de 100 boîtes à livres. Nous pilotons actuellement un projet d’une fondation sur un an et sur ce coup, des membres et des bénévoles reçoivent un salaire sinon à la base, c’est du bénévolat. Les lecteurs éloignés, les amoureux de la lecture dépourvus de livres, les jeunes curieux, les parents d’élèves, les adolescents et même les non lecteurs sont nos cibles. « La boîte A Livres » pousse en Côte d'Ivoire au sein de plusieurs quartiers, communes, villages et villes du pays notamment Abidjan, Man, Danané, Gagnoa, Divo, Bassam, Odienné, Abengourou,...L'objectif de l'association est de doter toutes les communes du pays d'au moins une micro-bibliothèque afin de donner aux enfants et aux adultes un accès gratuit aux livres. 

Comment avez-vous commencé l’aventure ?

L'aventure a débuté avec mes propres livres déjà lus que je partageais dans la première boîte à livres. Avec le partage de nos retours d’expérience sur les réseaux sociaux, des particuliers suivis de quelques associations et maisons d’édition nous ont rapporté des livres jeunesse, des magazines, bandes dessinées, romans et autres drogues saines pour l'esprit. Sur ce coup, les réseaux sociaux nous ont été d’une grande utilité. Nous décomptons 100 boîtes à livres aujourd’hui.

Comment choisissez-vous le lieu d’implantation d’une boite ? Qui la fabrique ? Quel est le critère de choix des livres ? Comment remplissez-vous les boites (Choix des titres, choix des auteurs, choix des éditeurs) ?

Nos cibles sont les communautés ou des quartiers organisés. Après des rencontres avec les parents et responsables de ces communautés, nous évaluons leur intérêt pour la nouveauté. Dans nos boîtes à livres, il y a un peu de tout : des bandes dessinées, magazines, romans, littérature jeunesse, d’ici et d’ailleurs. Par contre les ateliers de lecture sont impérativement réalisés avec des livres africains. C’est la règle. Notre but est permettre de rapprocher nos jeunes lecteurs africains le plus possible de leur histoire. Et sur ce point, les maisons d'édition Bayard Afrique et Nimba Éditions sont imbattables. Leurs histoires, personnages, illustrations renvoient à nos réalités. Lors de l'installation de chaque boite à livres, elles reçoivent toutes une cinquantaine d’ouvrages au démarrage, puis en fonction des habitudes de lecture, elles sont réapprovisionnées avec les livres déjà lus de notre réseau.

Y a-t-il un responsable des boites ? Comment sont-elles gérées ? Sont-elles en libre accès ou fermées à clés ? Les livres sont-ils remplacés, réassortis ou changés régulièrement ?

Avant l'installation de chaque boite dans une communauté, les populations sont dans un premier temps sensibilisées sur l'importance de la lecture dans le développement harmonieux d’un enfant. Celles-ci, une fois le message assimilé s’érigent en gendarme de leur bien. Un responsable (un jeune) est ensuite désigné en fonction de son intérêt pour la lecture. Chez lui seront installés la boite à livres et le registre permettant de renseigner sur les emprunts, sorties et entrées de livres. Le délai d’emprunt est fixé par les bénéficiaires qui doivent par contre faire un résumé lors du retour du livre dans la boite. Ce premier travail produit constituera le support de nos formations périodiques avec nos jeunes lecteurs.

Les livres ont un coût. Par quel.s moyen.s financez-vous cette action ?

Grâce à des partenariats scellés avec des institutions et l'aide de particuliers, nous finançons l'achat des livres et des boîtes à livres.

Quelles sont vos ambitions pour votre association dans le futur ?

Notre rêve est de voir la boîte à livres pousser dans tous les jardins, espaces verts, cours de récréation, dans les salles d'attente des hôpitaux et dans des communautés reculées afin de rapprocher le lecteur du livre et de voir naître une nouvelle génération de lecteurs.

Propos recueillis par Sylvie Bocquet N’guessan

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