Salvatore Lombino, alias Ed McBain inventeur du "police procedural"

Il avait déjà commis plusieurs romans, cet Américain d’origine italienne ; j’appris qu’il avait habité Harlem, puis le Bronx – excusez du peu ! Bref, je m’encanaillais. On pouvait le trouver chez Gallimard, son premier éditeur en français, dans la Série Noire.

Je ne sais plus ce que mon cher libraire m’avait vendu ; je serais bien en peine de vous en raconter l’intrigue. Pourtant, l’effet fut immédiat : cet écrivain, je le cherchais partout. Il avait le charme et la puissance des grands fauves. Je m’aperçus un beau jour qu’un film sorti une dizaine d’années plus tôt, décoré de quelques oscars, se trouvait être l’adaptation d’un de ses romans, Blackboard Jungle : film de Richard Brooks, sous le titre Graine de violence, avec Glenn Ford, Sidney Poitier… Par la même occasion, j’appris que notre Salvatore Lambino (1926-2005) usait de nombreux pseudonymes, Evan Hunter  dans le cas de cet ouvrage.

 Dans le générique du film de Brooks figurait cet avis : « Notre système éducatif est fondé sur la confiance que nous avons en notre jeunesse. Le problème de la délinquance juvénile devient particulièrement aigu quand il envahit l'univers scolaire. Les scènes décrites ici sont imaginaires, mais pour lutter contre le danger, il faut d'abord le connaître. C'est dans ce but que nous avons tourné Graine de Violence. »  Aujourd’hui les problèmes de délinquance juvénile et de violence n’ont pas disparu, loin s’en faut !

Je préfère ne pas dévoiler le contenu de ce roman, lisez-le plutôt.

Si jamais vous ne connaissiez pas l’auteur, vous le trouverez cette fois sous le nom d’Ed Mc Bain. il faut que vous le rencontriez. Sur la plage, si vous avez envie de vous immerger dans ce chef-d’œuvre du roman policier, vous trouverez l’intégrale de 87ème district, une série de  53 romans (9 tomes…) aux Presses de la Cité.

Bien sûr, je n’ai pas tout lu, et encore ! Ce que je mentionne ici n’est qu’une partie de l’œuvre.

D’abord, vous régalerez votre curiosité : ces romans se révèlent  documentaires de l’Amérique et de son évolution pendant quarante années environ : les mœurs, les procédures policières et juridiques, les décors sombres ou somptueux de New-York (désignée sous le nom d’Isola dans le récit).

 À l’instar de Jean Valjean ou de Rouletabille, ses héros ne vous quitteront plus quand vous les aurez rencontrés- ils sont treize flics dont l’inspecteur Carella, dotés chacun d’une personnalité différente et attachante ; dans les personnages secondaires même, vous trouverez une fine connaissance des mécanismes de l’âme humaine. Ce qui n’exclut pas de temps à autre un registre comique, par exemple avec l’exploitation de tics (qui peuvent être les nôtres, ou ceux de notre entourage !), ou des mises en scène cocasses.

Que ces romans soient faciles à lire ne signifie pas pour autant qu’ils sont construits de façon simpliste, au contraire. Les intrigues très travaillées, parfois imbriquées, entretiennent un agréable suspense. Et l’on apprécie aussi des clins d’œil culturels.

Enfin, et c’est aussi ce qui peut nous intéresser le plus chez cet auteur, c’est son engagement très fort, mais non moralisateur, pour la promotion de valeurs qui sont les nôtres, malmenées à cette époque-là chez nos amis américains, mais pas totalement protégées aujourd’hui en de nombreux endroits du globe…

Vous devez être connecté pour poster un commentaire