Le poème se développe, se déroule comme une rivière , avec ses reflets , ses chatoiements , au gré d’une langue souvent ornée, mais parfois toute simple , et qui va droit au but .
La nature parle , dans la poésie de Patrice , l’eau , la terre , le jour , le soleil , tout prend vie pour accompagner le quotidien , et l’auréoler du sacre de la poésie .
Les absents , les disparus , jamais directement désignés , reviennent dans la douceur du souvenir , au soleil de l’affection , de la tendresse . Patrice , avec une longue carrière derrière lui , professionnelle et poétique , nous parle avec une naïveté , une candeur de débutant , d’adolescent en mue , et c’est du grand art .
Ce qui nous rend ce recueil si touchant , presque une confidence , un aveu . La souffrance est là , palpable , transcendée par la langue poétique , par le pouvoir des mots . La joie aussi , l’allégresse que tout cela ait eu lieu , et trouve sa forme et son mémorial dans la course du poème . Alors , conservés pour toujours , par la grâce d’un vrai talent poétique , on voit se dessiner les travaux et les jours d’une vie passée .
De prime abord , ce recueil nous déroute , comme doit le faire tout livre véritable de poésie . Cet effort intimiste pour réanimer le passé , dans la complicité d’une nature quasi enchantée , on y résiste d’abord , puis on se laisse entrainer par le puissant courant général qui sous-tend la démarche .
« Mon cœur prend l’eau », voilà la tonalité d’ensemble du recueil , témoignage de fragilité et de conscience aigüe de l’instant , d’une sensibilité exacerbée et infiniment délicate , au service de la poésie .
30-01-2025 - Bernard Esnault - Chroniqueur
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