L'ADAN au 2e Marché de la poésie - 6 au 8 décembre 2024

Le 17/03/2025 0

Par Ophélie Desnoullez, référente communication ADAN.

Retrouvez en entretien avec Ophélie 3 amis de plume ADAN : Valérie Florian (V.F.), Patrice Dufetel (P.D.) et Muriel Verstichel (M.V.) qui se sont succédés en dédicace sur le stand ADAN parmi douze. Une initiative particulièrement bien reçue. 

Ophélie Desnoullez : Portrait o desnoulez zoom 1Pourquoi participez-vous à un salon de la poésie plutôt qu’à un salon du livre classique ?

 

 


Valérie Florian: Valerie florian zoomÉtant auteure de deux recueils de poèmes illustrés pour adultes : Carpe dis-aime  et Au cœur des sables émouvants , je m'y sens comme un poisson dans l'eau.

 

P.D. : Pour l’avoir déjà éprouvé, un salon dédié à la poésie permet de mieux cibler son lectorat, car la spécificité de l’écriture poétique est telle qu’elle ne s’adresse qu’à un public restreint et d’autant plus intéressé que les salons de la poésie sont rares.

M.V. : Dans un salon du livre classique, le roman prend le pas sur la poésie qui a un public particulier, l'intérêt est moindre. La poésie a un lectorat restreint, dans un salon de la poésie, les lecteurs et amateurs de poésie se déplacent exprès pour nous rencontrer, échanger et découvrir les nouveautés. En tant que poète, c'est un lieu privilégié pour des retrouvailles et rencontres entre poètes, la présence des éditeurs et des revuistes donne de belles opportunités pour une éventuelle publication ou simplement un échange intéressant sur les attentes des uns et des autres. Les salons de la poésie sont rares et nous devons faire vivre nos publications et diffuser la poésie où elle ne va pas forcément.  C'est aussi le rôle du poète. Et c'est toujours un plaisir de rencontrer des auteurs de polars, de fantastique, d'aventure ou d'auto-fiction. Je trouve parfois dans leurs livres des passages qui n'ont rien à envier à la poésie.
 

Ophélie Desnoullez : Pensez-vous que la poésie est un art perdu ou avez-vous la sensation qu’il revient au-devant de la scène ? Pourquoi ?
V.F. : La poésie est un art éternel, elle traverse les temps, les pensées, les cœurs et les âmes, outil de développement personnel, et d'art-thérapie lorsqu'elle est associée à des illustrations. Elle permet par ses multiples formes, sa précision des mots, sa musicalité de transcender la part d'ombre de l'être et de révéler celle de lumière. L'appropriation et l'interprétation de certains textes par les lecteurs sont des biens précieux, souvent salvateurs dans leur vie.
Patrice Dufetel:Dufetel patrice 1 Comme l’art, la poésie se nourrit du chaos et du changement. Et plus ce changement intervient vite, plus la poésie se renouvèle. C’est ce que nous vivons actuellement.
M.V. : La poésie est plurielle dans sa forme et chaque poète a son univers. Il y a donc plusieurs façons de vivre la poésie. Elle a toujours été là, elle est bien vivante, les personnes qui en sont éloignées n'en ont pas forcément conscience. Le poème bénéficie de la lecture à voix haute dans les lieux les plus divers, il se marie aux arts, musique, théâtre, peinture, photographie, danse. Le numérique le sert aussi sur les réseaux sociaux, YouTube. La diffusion de la poésie est maintenant plus facile qu'il y a quelques années. Beaucoup en écrivent et en publient grâce à l'autoédition, les acteurs et comédiens ont compris qu'elle gagnait à être jouée sur scène.
Le monde d'aujourd'hui a réellement besoin de la poésie, c'est un moyen efficace pour apprivoiser les émotions, pour tenter de dépasser les difficultés du quotidien. La poésie nous 
 apprend à nous tourner vers la beauté que l'on oublie par distraction ou par l'accélération du temps dans un monde matérialiste.

 

Ophélie Desnoullez Avez-vous l’impression que les visiteurs ont redécouvert la poésie ? Avez-vous une anecdote à ce sujet ?
V.F. : Je l'espère étant donné la multitude de choix.
P.D. : Un marché de la poésie permet d’accéder à une offre diversifiée. Certains lecteurs ne soupçonnent pas à quel point le fond et la forme peuvent être dissemblables d’un poète à l’autre. Et le champ poétique est infini. Je me souviens d’une adepte du théâtre de rue déclamant mes textes avec une énergie qui les faisait résonner d’une manière nouvelle ajoutant sa propre poésie à la mienne.

Muriel Vertischel: Avt muriel verstichel 4069Le Marché de Lille a eu dès la première année un grand succès qui ne s'est pas démenti lors de sa seconde édition. Beaucoup sont venus en amoureux de la poésie, d'autres moins avertis ont découvert un monde pas si écarté que ça de la réalité. Certains "nouveaux" poètes ont découvert que l'édition d'un recueil est une histoire de rencontre.
J'ai eu la chance de rencontrer un visiteur sur le stand où je me trouvais qui feuilletant un de mes recueils a été touché, il l'a acheté, le lendemain il est revenu pour en acheter un autre et en me tendant sa note de lecture et un poème inspiré de mon livre. Quelle joie ! D'être lu, commenté et de discuter avec ses lecteurs.

 

Ophélie Desnoullez Un salon, c’est aussi un moment de rencontres et d’échanges entre auteurs ? Aimez-vous cela ? Pourquoi ?
V.F. : Autoentrepreneuse, en autopublication, en dehors du site de ventes de TheBookÉdition, je privilégie la rencontre et les échanges avec les lecteurs. C'est la reconnaissance ultime de mon travail, l'aboutissement de ma transmission, lien indispensable entre l'écriture et la lecture.
P.D. : Le poète est paradoxal. Son art est solitaire, mais pour le faire vivre, il a besoin des autres. Le partage lui est essentiel. Un peu comme un combustible qui permet de maintenir la flamme.

M.V. : Comme je l'ai dit plus haut, les rencontres entre poètes jouent un grand rôle. De belles conversations, de riches échanges sont stimulants. Si le poète est seul devant sa feuille, nous avons besoin les uns des autres pour nous confronter aux idées, aux différences, l'inspiration y trouve son compte. Lire les autres poètes, les écouter est toujours une source fabuleuse. Découvrir une autre façon d'habiter le monde, des univers inconnus ou parallèles est une force qui nourrit l'écriture et les images qui la bousculent.
 

Ophélie Desnoullez: Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui aimeraient s’essayer à cet art de la poésie ?
V.F. : Quelle que soit la forme utilisée, ne pas tricher, être authentique, prendre le temps qu'il faut pour trouver le mot juste ou bien se laisser guider par la main invisible de l'ange « poète ». Les jeux de mots, la langue des oiseaux ou vie secrète des mots sont des ponctuations originales et ludiques à semer au gré du souffle de la pensée. La poésie est aussi un atout majeur dans les contes pour enfants, fidèle compagne de mes livres jeunesse.
P.D. : Je conseillerais à ceux qui veulent écrire de la poésie de se laisser diriger par leurs émotions et de se mouvoir dans un espace de liberté. La poésie est imaginative et elle s’accommode mal des contraintes.

M.V. : Des conseils, pas vraiment. « Écrivez encore et encore ! Ne vous découragez pas, que la recherche d'un éditeur ne devienne pas votre obsession ». La poésie est un long chemin, « il faut être fort, être né poète » écrivait Rimbaud. J'ai toujours pensé, par expérience, que la poésie est un état, une façon de vivre et d'appréhender le monde visible et invisible. Regarder au-delà de ce que l'on nous donne à voir, parler au-delà des mots de tous les jours avec les mots de tous les jours. Quand la poésie vous prend, elle vous garde dans une espèce d'éveil permanent entre la vie et la mort. Bâtir une langue c'est peut-être tout l'enjeu de la poésie.

 

Ophélie Desnoullez : Avez-vous des projets futurs à nous partager ?
V.F. : Aimant varier les plaisirs et les défis. J'ai plusieurs livres jeunesse en perspective ainsi que d'autres livres pour adultes dont un polar. Au fil du temps, les idées fusent et les alimentent au quotidien, ce qui évite l'angoisse de la page blanche. En ce moment, je m’attelle à rédiger LE livre de ma vie affective, intitulé À fleur de pétales et sous-titré : Car paix dit aime. Clin d’œil à mon premier recueil auto-édité Carpe dis-aime. Ce livre de nouvelles (plongée sans apnée dans les réminiscences du passé) sera ponctué de surprises et à l'évidence de touches poétiques... à découvrir sans modération en 2026 !
P.D. : Je publierai prochainement un recueil de poèmes intitulé Je suis un Martin Pêcheur dans la collection Les Carnets du Douayeul, accompagné des aquarelles de Nathalie DHENIN, artiste et poète compiégnoise ayant rejoint tout récemment l’ADAN.
M.V. : Beaucoup de projets toujours, pour n'en citer que deux, la sortie d'un recueil en hommage à ma mère « Passage du moineau » aux Éditions Le texte et la parole, chez Pascal Alexandre, et un spectacle tiré de ce recueil « Tu chantes maman » avec une comédienne, un accordéoniste et moi qui chanterai Piaf.


 

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