Entretien avec Thierry Moral ami de plume ADAN

Le 01/03/2024 0

ADAN :  L’ADAN , association de référence des auteurs des Hauts de France regroupe prés de cent soixante écrivains et experts du livre actifs . Comment décririez-vous votre lien avec la région ? En quoi influe-t-elle sur votre activité d’écrivain ? Propos recueillis par Benoit Lorsin , administrateur , référent communication . 

 

J’écris d’abord « mentalement » puis la rédaction arrive dans un second temps.

Thirry moral

Thierry Moral : Je suis né à Lille dans le quartier de Wazemmes et je n’ai jamais quitté la région. Certains de mes ouvrages sont localisés dans le Nord. D’autres non. Mon lien avec la région influe sur mon écriture, mais je n’ai pas de discours sur la région. C’est surtout un ancrage que j’utilise pour rendre plus réel et concret ce que j’écris dans mes romans ou mes nouvelles. C’est pareil dans ma pratique liée à la scène ou dans les ateliers d’écriture que j’anime. Je suis du Nord, content d’y être, mais l’objet de mon travail demeure les êtres humains, les gens, leurs vies et leurs rêves.

ADAN : Vous vous présentez comme un artiste touchant à de multiples activités : écriture, musique, vidéo… Quelle place tient l’écriture parmi celles-ci ?

TM : C’est ma deuxième activité. Mes activités professionnelles de conteur, metteur en scène et comédien occupent 60 à 70% de mon temps de création. L’écriture a plusieurs dimensions pour moi :  je distingue le temps de l’écriture proprement dite, celui de la promotion des livres et de la transmission à travers des ateliers que j’anime. L’écriture en ce qui me concerne est à la fois un outil de médiation et de transmission. Une empreinte concrète dans le monde réel.

ADAN : Quel est le premier support sur lequel vous avez cherché à vous exprimer ? Pourquoi ?

TM : Mon rapport à l’art s’est d’abord fait par la scène. En 2010, j’ai décidé de me consacrer à l’écriture. Je me suis dit qu’elle pouvait nourrir mon travail de conteur. Et puis, je trouvais également important de transmettre la qualité de la langue par ce moyen, littérature et oralité se nourrissant l’une et l’autre.

ADAN : Concernant l’écriture, comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période de votre existence ? Quel a été le déclencheur qui vous a poussé à prendre la plume ?

TM : L’improvisation scénique apporte une forte spontanéité et une efficacité grisante, mais limite le rapport à la langue et à la profondeur du propos. J’ai éprouvé le besoin de proposer une parole plus travaillée. J’ai participé à un concours de nouvelle via la médiathèque de Montluçon. J’ai obtenu un prix et cela a eu un effet booster. Aujourd’hui, j’écris des textes essentiellement pour qu’ils deviennent des livres et plus occasionnellement pour la scène.

Site officiel Thierry Moral

ADAN : Il me semble que l’écriture comporte deux phases majeures : une part d’ombre, lorsque l’auteur rédige dans son bureau à l’abri des regards, et une part de lumière, lorsqu’il partage ses créations aux lecteurs via les media, sur les salons, ou à l’occasion de conférences. Laquelle préférez-vous ?

TM : Je préfère largement la part de l’ombre, étant donné que je  passe la plupart de mon temps dans la lumière. Je suis intermittent du spectacle depuis plus de 20 ans. Je dois m’accommoder avec cette temporalité : je ne peux pas bloquer du temps pour écrire. Je peux écrire aussi bien le jour, que le nuit, ou au restaurant quand je suis seul en tournée... Les histoires se fabriquent ainsi malgré moi. J’écris d’abord « mentalement » puis la rédaction arrive dans un second temps.

ADAN :  Avez-vous des publics différents pour vos différentes activités d’artiste ? Ainsi, est-ce que les gens qui assistent à vos spectacles vous lisent ? Et vice versa ?

TM : Le public que je rencontre est très divers autant pour le livre, que pour la scène. J’écris aussi bien des nouvelles, que des romans, de la poésie, du théâtre, un thrillers et un ouvrage de science fiction. J’ai donc un lectorat très varié. Le public de mes spectacles est aussi très diversifié. Il s’étend de la maternelle au lycées, en passant par les hôpitaux, les prisons ou les maisons de retraite. Parfois, il peut y avoir des passerelles entre la scène et les livres.

ADAN :  Cloisonnez vous vos différentes activités de création ou existe-t-il des interactions, des échanges entre elles ? 

TM : Il y a des projets artistiques que j’ai volontairement décloisonné. Comme « une vie de chien », c’était d’abord un livre que j’ai écris sur les attentats du Bataclan et puis c’est devenu un spectacle sur scène. Par la suite, il a aussi donné lieu à des ateliers d’écritures, de slam et d’illustrations (animés par Bertrand Arnould).

ADAN : Pour vous, quel est le plus beau cadeau qu’un auteur puisse recevoir de ses lecteurs ? Avez-vous une anecdote à ce sujet ?

TM : Oui, j’ai écrit « Dame Pissenlit », un ouvrage qui parle (entre autre) du cancer.  Sur un salon, je rencontre un samedi matin une dame qui m’interroge sur cet ouvrage. Je lui explique quel est le sujet. Elle l’achète sans hésiter et me dit qu’elle le lira bien plus tard car elle a une grosse pile à lire… Le lendemain, elle est revenu sur le salon pour me dire un mot : « Merci. »

ADAN : Pour terminer, quels sont vos projets à courts ou moyens termes ?

TM : J’en ai plusieurs. D’abord, je  suis en train de finaliser mon 10ème roman qui se passera dans la région, à Bruay la Buissière. Ensuite, je prépare pour fin 2024, début 2025 une pièce de théâtre destinée à une jeune public. Elle sera publiée par une maison d’édition régionale que j’apprécie beaucoup. Enfin, un travail de traduction de certains de mes poèmes en roumain, est entamé. Je serais entre autre édité en bilingue dans une revue franco-roumaine. Cela donnera-t-il des suites ? C’est tout ce que j’espère...

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