" Quand j’ouvre ce magasin, il y a 10 ans, j’étais déjà un lecteur aguerri, mais je me suis mis à lire avec une frénésie plus grande encore, en enchainant la lecture des romans, je me suis dit « pourquoi pas moi aussi ? »"
ADAN : Dans vos interviews, vous évoquez souvent vos différentes lectures qui sont très éclectiques. Sont-elles pour vous une source d’inspiration ? Quels sont les auteurs, d’hier et d’aujourd’hui, qui vous ont le plus influencé ?
Djamel Cherigui : Je ne sais pas s’ils m’ont influencé. Mais j’aime beaucoup Céline, j’aime beaucoup Philippe Roth. Je suis un grand amateur de littérature nord-américaine, du Southern gothique, j’aime beaucoup Faulkner, Comarc Mc McCarthy qui nous quitté hier, Flannery O’connor. J’aime aussi les écrivains Yiddish comme Isaac Bashevis Singer, les écrivains allemands, Thomas Mann, Hermann Hesse, Patrick Süskind, et les écrivains français contemporains. Je pense à Mohamed Mbougar Sarr qui fait figure de génie dans son genre, Emmanuel Carrère dont j’ai tout lu, ou à Houellebecq. Mais je pense aussi à mon « maitre », celui que je mets au-dessus de tous peut être, c’est Grégoire Bouillier que j’aime énormément. Il est encore en activité et j’ai la chance de pouvoir communiquer avec lui. C’est pour moi une chance immense. Je pense également aux femmes comme Karine Tuil, qui est un peu ma marraine. J’adore ces romans, notamment « L’insouciance ». Il y aussi Marguerite Yourcenar et Donna Tartt , qui est une écrivaine exceptionnelle. Il y en a pléthore, des centaines que j’aime énormément .
ADAN : Il me semble que l’écriture comporte deux phases majeures : une part d’ombre, lorsque l’auteur rédige dans son bureau à l’abri des regards, et une part de lumière, lorsqu’il partage ses créations aux lecteurs via les media, sur les salons, ou à l’occasion de conférences. Laquelle préférez-vous ?
Djamel Cherigui : Les deux. Ce sont les 2 faces d’une même pièce. Les deux se nourrissent, et les deux finissent par vous lasser.
ADAN : Vous vous lassez même de l’écriture ?
Djamel Cherigui : Au bout d’un moment c’est pesant. Quand j’écris, c’est une période où je doute beaucoup, où je travaille énormément, en plus de mon travail au magasin. Au-delà du fait que ce soit énergivore, c’est aussi l’accaparement intellectuel. J’y pense beaucoup, je ne pense même qu’à ça. Pour en avoir discuté avec d’autres écrivains, c’est un peu la même chose pour tout le monde, c’est une grosse remise en question et ça finit par peser.