2019 - 2e édition - Prix du roman Adulte - Jeunesse et Manuscrit

Les lauréats et les finalistes du prix du roman 2019

Laureates 2019Finalistes 2019

Cérémonie de remise des prix. Ella Balaert, Carine Bausière et Patrick Fillioud couronnés par le prix ADAN

Ce jeudi soir, à l’espace culturel de Bondues, les trois prix de l’ADAN (Association des auteurs des Hauts-de-France), dans les catégories adultes, jeunesse et manuscrits, ont été décernés en présence de Franck Thilliez, au cours d’une cérémonie riche en intermèdes artistiques de qualité.

Le suspense a duré presque trois heures pour les cinq finalistes (parmi 26 concurrents) de la publication adultes. Interrogés avec précision et malice par le journaliste Hervé Leroy, tous les auteurs encore en lice ont pu parler de leurs œuvres et de leur parcours. Comme l’a souligné Franck Thilliez, invité d’honneur de la soirée et tout récent adhérent de l’ADAN (Association des auteurs des Hauts-de-France), « c’était intéressant de les entendre ; il n’y a jamais de perdants dans les prix ; les histoires existent et demeurent ».

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De gauche à droite : Ella Balaert, Patrick Fillioud, Franck Thilliez et Carine Bausière sur la scène du prix ADAN 2019, où l’on a aussi vu la présidente Brigitte Cassette et la vice-présidente Isabelle Mariault.

Les trois finalistes de la catégorie manuscrits (parmi 13), ont défendu des univers très divers. Mickaël Delayen a inventé un personnage qui « est l’une de (ses) facettes » il y a neuf ans. Laurent Fayeulle a livré une chronique familiale douce-amère, à partir des retrouvailles de deux cousins lors de funérailles. Mais la victoire est revenue à Patrick Fillioud, qui a dirigé BFM pendant dix ans et qui raconte les années radios libres. Il mêle des faits réels et des personnages inventés.

La cérémonie a été riche en intermèdes de qualité. En premier lieu l’interprétation éblouissante, au violon, de Cszardas, de Vittorio Monti, par le soliste international David Castro-Balbi. La fulgurance de l’air et du feu. Brel a été chanté avec justesse par Jean-Paul Varlet, et Thierry Moral a offert toute sa verve. Un conseil de Franck Thilliez pour la route ? « Le plus important, ce sont les personnages. Il faut qu’ils puissent vous emporter dans leur monde ».

Logo gris vdn7 Novembre 2019 à 22h21

Christian Furling

Qu’est-ce-qui vous a donné l’idée de ce roman ?

Les boutons de nacre encartés à la main m’ont été offerts par Mauricette P. voici quelques années. Je l’avais rencontrée dans le cadre d’une résidence à la Médiathèque départementale de l’Oise sur le thème du travail des femmes. J’ai rencontré Mauricette et quelques autres personnes qui avaient travaillé dans la tabletterie et la fabrication des boutons à Andeville, Sainte-Geneviève, Méru… J’ai découvert à travers leurs récits, que j’ai ensuite complétés par des lectures, un secteur autrefois très important de la vie artisanale et industrielle de la région. 

A l’issue de ma résidence, je savais que je ferais un jour quelque chose de ces petits boutons…

Diriez-vous que « Petit bouton de nacre » est un livre à part dans votre œuvre ?

Pas exactement. Je suis trois générations de femmes en quête de légitimité, d’indépendance et d’identité. Cette sensibilité à la condition féminine est présente dans tous mes romans, notamment en adulte, Placement libre (Éditions des femmes), Mary pirate (Zulma), mon livre sur George Sand à Nohant (Belin) ou, en jeunesse, Le pain de la liberté (Gulf Stream). 

Vous partagez votre temps entre Paris et la côte bretonne. Comment avez-vous rencontré votre éditrice Dominique Brisson ?

Dominique connaissait mon travail d’autrice, d’une part, et d’autre part de curatrice d’un « e-musée de l’objet » collaboratif, dans lequel j’invite qui le souhaite à déposer un court texte sur les objets « infra-ordinaires » (Pérec) de notre quotidien. Elle m’a donc contactée pour participer à sa collection « La vie rêvée des choses ». J’ai aussitôt accepté en proposant, comme objets emblématiques de la région, ces fameux boutons de nacre.  

On s’est rencontrées, le courant est passé, les boutons de nacre ont fait le reste… : il ne me restait plus qu’à boutonner ensemble, pour rester dans l’esprit de ce petit objet, deux espaces, deux amoureux, deux familles, deux cousines…

Votre sentiment vis-à-vis du prix que vous venez de recevoir ? De la soirée en général ?

J’en suis très heureuse. D’autant plus qu’après avoir vécu plus de vingt-cinq ans dans la Région (à Senlis, où j’habitais encore quand j’ai commencé à travailler sur la nacre), je l’ai quittée pour retourner à la mer de mon enfance et aux terres bretonnes où s’enracine la branche maternelle de ma famille. C’est donc toujours un plaisir de revenir dans le Nord où j’ai tant de souvenirs, et d’en recevoir des marques de reconnaissance. J’ajoute qu’un prix attribué par des libraires, comme sont aussi les prix des lecteurs, est particulièrement agréable.

Ce fut une belle soirée, avec ses temps forts en émotion, David Castro-Balbi interprétant avec brio Gzardas de Monti, en gentillesse, Annie Degroote et Franck Thilliez partageant ce moment avec nous, en amitié retrouvée avec quelques copines et copains du Nord, en rencontres avec les autres auteur.e.s, enfin en malice et complicité avec le duo Brigitte Cassette et Capucine sa petite-fille. 

Merci à l’ADAN et à ses partenaires !

Site personnel : https://ellabalaert.com

Le site de l’e-musée de l’objet : https://objetsdefamille.wordpress.com

Votre manuscrit est une véritable saga des radios libres. Quelle est la part imaginée, la part inventée ?

Les principaux acteurs sont des personnages de fiction. En revanche, ils évoluent dans un décor, un environnement et des événements bien réels. D’autant que ce manuscrit a une longue histoire. Je l’ai écrit sur le moment, il y a plus de trente ans (qu’il a passé dans un tiroir). Et puis récemment, je l’en ai sorti pour le retravailler. Apparemment, j’ai eu raison.

Que pensez-vous des radios aujourd’hui ?

En quelques années, du début au milieu de la décennie 80, on est passé de la pénurie, quelques radios toutes dépendantes ou propriétés de l’Etat, à une offre de programmes extrêmement complète, une des plus variées au monde : l’info, toutes les sortes de musiques, la parole locale, militante ou communautaire, l’humour, la vie culturelle, le sport ou le débat… tous les sujets et les modes d’expression ont désormais droit de cité sur les ondes. C’est le mouvement des radios libres qui l’a permis, qui a ouvert ces territoires même si peu de stations de cette époque demeurent aujourd’hui.

Votre sentiment vis-à-vis du prix que vous venez de recevoir ? De la soirée en général ?

C’est formidable, l’occasion de faire revivre au travers de ce texte cette période intense et passionnée à laquelle ont directement participé des dizaines de milliers de jeunes dans toute la France, issus autant de zones rurales qu’urbaines. La soirée l’a d’ailleurs démontré : une bonne dizaine de personnes sont venues me voir après la remise des prix pour me dire qu’eux aussi y avaient participé.

Vous allez être édité par Nord-Avril, vous avez trouvé rapidement ! Vous connaissiez cet éditeur auparavant ?

Honnêtement non. Mais son dirigeant et créateur, Patrice Dufossé, avait lui-même été impliqué à l’époque dans une radio libre dont on va bientôt fêter les 40 ans, il tenait donc à ce texte qui lui parlait, autant que je tenais à le faire éditer. La discussion a donc été facile, naturelle et… positive.

 

Qu’est-ce-qui vous a donné l’idée de la suite de votre premier roman ?

Je pensais déjà à cette suite quand j'ai terminé mon premier roman. Cette histoire est une parallèle à ma propre vie, je voulais la poursuivre. Mais je voulais écrire en ayant encore des choses à raconter. J'ai donc attendu que les idées arrivent, que la famille évolue dans ma tête. De nouveaux personnages sont apparus, je m'amusais à les mettre en scène. Quand j'ai eu suffisamment de matière, j'ai pu me remettre devant l'ordinateur...

Vous pourriez parler un peu du premier ? 

"Famille en kit cherche mode d'emploi" est la suite de "Qui décide, tous les soirs, d'allumer les étoiles ?". Dans ce premier volet, Camille, 13 ans, vient de perdre brutalement sa maman. La cellule familiale vole en éclats tant son papa, son petit frère Barnabé (dit Babar) et elle sont effondrés. Mais Camille va pouvoir compter sur une famille de coeur qui va se mettre en place pour l'aider à remonter la pente. Il y a d'abord son meilleur ami, Ben, dont elle est secrètement amoureuse alors qu'il préfère les garçons. Puis ses copines de classe qui vont lui permettre de vivre une vie d'ado de 13 ans. Et enfin les voisins du dessous, Adrien et Zénobie, soixante-huitards sur le retour, qui vont faire office de grands-parents de substitution pour aider Camille, Babar et leur papa à retrouver le goût de vivre. C'est un livre très optimiste, où on pleure (un peu) et où on rigole (beaucoup).

Vous abordez plein de sujets contemporains dans ce livre : les amours adolescentes, la famille recomposée, le handicap, l’écologie, les agressions verbales, la vieillesse, la mort, les voyages…autant de messages que vous vouliez faire passer. Pour vous quel est le plus important ? 

Vous avez oublié l'homosexualité pour compléter la liste. Le message le plus important est un tout, la bienveillance envers les autres. J'aimerais qu'elle revienne au centre des échanges, de la société. Même si on ne peut pas aimer tout le monde, la bienveillance est une forme d'intelligence dans les rapports humains. C'est l'huile qui permet aux rouages de tourner de façon fluide. Sans ça, ça grince, ça saute ou ça fonctionne à l'envers. 

Votre sentiment vis-à-vis du prix que vous venez de recevoir ? De la soirée en général ?

J'étais très stressée. Cette ouverture de l'enveloppe, sur scène, c'est un moment très particulier ! Mais j'ai beaucoup aimé que chaque finaliste puisse parler quelques minutes de son roman, surtout devant une salle bien remplie. Nous ne sommes pas des auteurs très connus, c'est toujours appréciable de voir notre travail ainsi mis en avant. Je suis fière et heureuse d'avoir reçu le prix du roman jeunesse. Il y a eu trois vainqueurs ce soir-là mais chaque livre avait ses qualités et je souhaite beaucoup de bonheur et de réussite aux autres auteurs.

Propos recueillis par Jean-Louis Lafontaine